Les centres d’intérêt

Globalisme, centres d’intérêt, observation, association, expression font partie des fondamentaux de la pédagogie decrolyenne.

Depuis sa création, et pendant de nombreuses années, l’école a exploité ces fondamentaux de manière directe et lisible. Plus tard, des personnes convaincues de leur intérêt et s’étant approprié cette manière de travailler firent le choix de s’en détacher pour se donner plus de liberté dans le travail fait avec les enfants et pour se tourner vers leurs intérêts particuliers.

Malgré tout, la méthode restait la même, puisque les enseignants de l’école s’étaient imprégnés de cette démarche.

Les années passent, nouveaux enseignants, nouvelle équipe, nouvelle pédagogie ? Nous nous sommes, l’année dernière, posés la question de savoir où nous en étions d’une démarche pédagogique commune qualifiée de pédagogie decrolyenne.

Nous travaillons tous dans la même école, avec des objectifs humains et cognitifs communs. Néanmoins, pouvons-nous tous nous assurer que l’enseignement délivré aux enfants est globalement le même durant leur scolarité ? La multiplication des projets différents selon chaque classe nous permet-elle de travailler ensemble autour d’une démarche commune ? Les enseignants nouvellement arrivés peuvent-ils s’imprégner de la pédagogie que nous défendons sans en passer par les fondamentaux qui la soutiennent ?

Pour ces différentes raisons, nous avons décidé d’un commun accord d’en revenir aux centres d’intérêt.

Retour en arrière ? Les centres d’intérêt ne sont-ils pas limitatifs ? Sont-ils toujours directement liés aux préoccupations des enfants qui vivent cette école aujourd’hui ?

C’est donc avec les incertitudes de certains et les certitudes des autres que nous nous sommes lancés dans l’aventure : le centre d’intérêt choisi est le travail, et nous l’essayons depuis septembre dans nos classes. Bien que la démarche soit commune, il ne s’agit pas d’exploiter cet outil de la même façon dans toutes les classes. Chaque enseignant se l’approprie et le propose (avec ce qu’il est) à ses élèves. De plus, chaque classe est différente et chaque groupe d’enfants, en fonction de son âge et de son vécu, fait une lecture particulière du centre d’intérêt proposé. Le plan de travail n’est pas le même pour chacun, il s’agit de trouver un élément fédérateur sur lequel s’accrocher, communiquer et s’organiser. Un point d’ancrage venant globaliser nos manières d’être et de faire.

Avant de raconter comment ce centre d’intérêt se vit et se répercute dans nos classes, il est peut-être nécessaire de rappeler ce que sont les centres d’intérêt et pour quelle raison la pédagogie decrolyenne en a fait l’un des fondements de sa démarche.

Les centre d’intérêts ont pour objectif de garantir l’interaction de tous les apprentissages autour de notions correspondant aux “besoins bio-psychiques” de tous les enfants. Chacune de ces idées permet la construction des compétences, des savoirs et savoir-faire.

Les centres d’intérêt définis par O. Decroly correspondent aux besoins naturels de l’enfant : je me nourris, je me protège (contre les intempéries), je me défends, je travaille. Ces besoins naturels sont alors raccrochés à différents éléments : l’homme, l’animal, les végétaux et les minéraux.

Ils permettent la construction d’un plan de travail et conduisent à expérimenter des intérêts collectifs.

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Chaque niveau n’aborde pas le centre d’intérêt de la même manière. Tout démarre en maternelle, avec “la surprise”, qui pourrait être qualifiée de centre d’întérêt court. Cette activité quotidienne se caractérise par la découverte collective d’un objet apporté par un enfant. Ceux-ci observent, échangent leurs remarques. Ils confrontent leurs hypothèses et enrichissent leur pensée et la pensée du groupe.

Le centre d’intérêt, même s’il est court, fait déjà son œuvre. Lors de son entrée en CE1, l’enfant devient capable d’entrer dans un intérêt plus poussé. Au travers des différentes causeries apportées, se dégagent des intérêts particuliers, puis communs, dans lesquels il est souvent aisé pour le professeur de déceler un des centres d’intérêt de la pédagogie decrolyenne. Vers 8 ans, l’enfant devient capable d’aborder le centre d’intérêt comme un plan de travail qui viendra organiser les apprentissages.

L’enseignant veille à ce que les idées proposées permettent la construction des savoirs. Le plan de travail évolue aux travers des observations et des associations qui sont faites.

Voilà donc la démarche à laquelle nous avons décidé d’adhérer cette année. Pour l’année scolaire 2015-2016, le centre d’intérêt que nous nous expérimentons est : le travail. Chacun l’exploite dans sa classe à sa manière, en prenant en compte l’âge des enfants.

Emmanuelle